Dossier : l'autisme

Charles Melman

 

 

À propos des débats sur l’autisme et de la position de notre Association

Les questions posées à l’origine par l’autisme infantile et sans doute l’augmentation récente de sa fréquence sont venues ranimer un vieux débat entre tenants de l’organogenèse  et de la psychogenèse. Le perfectionnement des moyens d’investigation avec l’imagerie médicale et le génétisme et la résurgence d’une ancienne thèse philosophique – le behaviorisme – à l’origine des pratiques comportementales ouvrent à la médecine un champ qu’elle a toujours rêvé de s’approprier. Les internes de médecine en psychiatrie dont je fus, savaient qu’on attendait d’eux un diagnostic pour des raisons légales et le traitement des maladies intercurrentes pour laisser le reste – la maladie mentale – aux poètes et à l’aumônier. Il y a quelques semaines un éminent responsable de l’Académie de Médecine sollicité par un de ses membres pour organiser une session consacrée à Freud répondit : « Vous êtes psychiatre, occupez-vous de la chimie du cerveau ».

Nous sommes habitués à de telles réponses et agissons notre impuissance en haussant les épaules. Malgré l’habitude ces réponses ont cependant un caractère terrifiant. Le biologisme  en efffet est une conception anthropologique qui a déjà montré ses résultats dans l’histoire. Pour résumer disons qu’il postule que le comportement humain est décidé par des facteurs physico-chimiques prédéterminés mais qu’il est scientifiquement possible de contrôler, y compris maintenant à la source avec l’efficacité des manipulations génétiques. L’existence d’un sujet propre à animer cet ensemble organique et sa responsabilité sont forclos.