Claude Jamart : Le symptôme en question

Ce texte constitue le compte-rendu des Premières Rencontres Internationales de Psychanalyse de Cotonou qui ont eu lieu  du 7 au 11 février 2011. Fidèle en cela aux principes d’échanges qui président aux activités du Groupe de Cotonou il n’est pas le point de vue singulier de son auteure. Il est le tissage nécessairement hétérogène, du multiple des paroles échangées et son style relève du polyglottisme des échanges. Le point de vue singulier de chacune des présentations se trouve dans les textes repris dans Les Actes.
 



Dans son allocution d’ouverture des journées Thérèse Agossou, après avoir remercié chacun des participants pour sa présence, inscrira notre travail à tous durant ces cinq jours, dans ce projet du retour au pays natal de Solange Faladé et de son travail.

 

« L’ancienne corde… pour pouvoir nouer la nouvelle ».

 

Ainsi est reconnue, par les collègues béninois, une filiation à Solange Faladé, non seulement en tant que femme susceptible d’être une ancêtre, mais également en tant que filiation théorique au travers de la psychopathologie africaine dont elle a été la première à prendre le chemin.

 

« Les situations, les réunions, les rencontres qui commencent par de petits faux-pas  donnent souvent de grandes choses ». Ainsi chacun sera invité à se présenter le moins classiquement possible, à faire un petit pas pour retrouver l’autre tout en tenant sa place, et à se retrouver ensemble. C’est à la mesure de cela que quelque chose de riche sortira de nos diversités ».

 

Durant ces journées, le maître mot sera rencontre, et la perspective au travers des questions et des positions, sera celle d’une transmission qui fasse savoir.

 

Mettre la clinique au centre

 

Il semble bien que le travail d’échanges se soit organisé autour de ce principe, reconnaissant qu’au-delà de nos différences multiples, qu’elles soient langagières, culturelles, pratiques ou théoriques, c’est la clinique qui nous rassemble.

 

Mais le partage de la clinique n’est pas si aisé: il nécessite un travail et notamment d’écriture, mais aussi de repérage, de décodage.

Et c’est là que s’inscrit l’exigence d’un système référentiel .Il y a d’abord le référentiel de la culture au travers de la tradition, des rites, des pratiques du Fa…; au travers de la langue, avec les questions des proverbes, des nominations, du polyglottisme, et de la difficulté d’écrire les langues tonales avec des caractères latins.

Se questionne ici la disparition de ces traditions en raison de la modernité faisant suite à la logique colonialisatrice, et des effets, des dysfonctionnements que cela génère : disparition de certaines limites, rupture de la fonction du lignage…

Se questionne aussi ici l’au-delà de la culture sous la forme d’universaux.

 

Il y a aussi le référentiel de la Santé Mentale, de la Psychiatrie : ce qui nécessite sémiologie, nosographie, méthodes, pratiques cliniques et théories.

Ce qui exige une réécriture de la psychopathologie africaine avec une redéfinition de la psychiatrie : « maintenant, on peut s’autoriser,… à ne pas faire que copier ».

 

Il y a aussi la question du soin psychiatrique dans sa spécificité, et son rapport aux soins des tradipraticiens et aux soins prodigués par les Eglises.

 

Et enfin la question de la normalisation et des rapports entre la psychiatrie, le social et le politique.

 

Psychanalyse et Afrique : quels rapports possibles ?

 

Il y a cette assertion faite par quelques collègues béninois : redéfinir aujourd’hui la psychopathologie africaine,  c’est la psychanalyse africaine de demain.

Il s’agit de l’écrire.

 

Il sera redit que la psychanalyse c’est d’abord une éthique, celle de tenir qu’il y a de l’inconscient, c’est une pratique qui consiste à se reconnaitre comme lieu d’adresse et qu’il s’agit plus de soutenir des questions que de donner des réponses, ce qui serait plutôt la place de la psychothérapie.

 

De quelques signifiants maitres qui ont organisé les échanges…

 

Il y a eu rencontre, il y a eu humain et cette question : qu’est ce qui est fondateur pour l’être humain, et il y a eu énigme.

…et de deux proverbes…

 

« C’est au fond de la forêt qu’on va chercher le bois pour fabriquer le tam-tam qui fait danser le village ».

 

« La savoir, comme le feu, se cherche chez le voisin ».

 

PROGRAMME

 

Allocution d’ouverture par le Professeur Thérèse Agossou

 

La fabrication du symptôme : le Moi comme symptôme, le Moi comme défense
Pierre Marchal

 

Symptôme, culture et soins
Grégoire Magloire Gansou

 

Symptôme et constitution de l’image du corps
Anne-Sophie Warot

 

Investissement de l’image du corps dans l’aire Aja-Tado

Gérard Ahyi

 

Soins, cultures et prières : l’autre hospitalisation

Emilie Kpadonou

 

Le symptôme psychosomatique

Claude Jamart

 

Du symptôme à la nosographie : les pièges de la classification

Mathieu Tognidé

 

Les symptômes psychotiques

Anne Malfait et présenté par Georges Schmit

 

Les rites funéraires

Adeossi Romuald Adeogoun

 

La thérapie par le FA

Comlan Rogatien Segla

 

Patricia la jalouse : histoire des amours interdites

Hountongnou Moïse Dossa

 

La vision du symptôme en médecine générale et en psychiatrie : la parole du patient

Josiane Ezin-Houngbe

 

Corps à corps : du corps social au corps de l’individu

Thérèse Agossou