Édito de Charles Melman : Des forçats, de Buckingham à La Havane

Mon quotidien rapporte sur deux pages, à droite la mort du prince Philippe et à gauche la mise à la retraite de Raoul Castro. Rien de commun entre ces deux personnages sinon qu’ils sont également représentatifs de l’autorité, quoique honorifique pour l’un, dictatoriale pour l’autre. Et au titre de cette représentation ils sont, eux les chefs, le produit direct de l’attente populaire, dont ils auront été les fidèles serviteurs.
Qu’en pense t-elle ?
Philippe a été le consort rêvé, toujours en mer avec les solides gaillards de la Royal Navy plutôt que dans la mollesse de la couche conjugale et entretenant du même coup l’image de la famille idéale telle que le peuple la chérit et que l’institution royale a la charge de lui fournir. Papa est en mer tandis que Maman a la direction de la maisonnée, regardez comme elle en est épuisée, gardienne du devoir contre les galipettes des nouvelles générations. Duty pas free du tout.
Raoul, c’est autre chose, puisqu’il est franchement impopulaire contrairement à son frère Fidel, et qu’il a entretenu haut comme lui un idéal remarquable - et non plus familial - quoique payé par une misère généralisée, sauf pour les enfants des dignitaires du régime : toujours les nouvelles générations.
Quoi qu’il en soit nos deux héros ignorent qu’ils furent les serviteurs dévoués d’une passion populaire pour l’autorité et surent préserver la part d’ombre dont s’abrite son aura sacrée. Mais nous aurons bientôt les épisodes suivants de la série, on ne va pas s’ennuyer.

Charles Melman.
Le 25/04/2021